La Forêt folâtre, 2013.
Installation dans le bois de La Ribardière à Athis de l’Orne avec l’association vAertigo pour
ArtTerritoire.
Performance de Matthieu Deverre pour le vernissage de l’installation.
A la Ribardière un petit bois de conifères, plein de mystère et de géométrie, enclave et forêt
artificielle, semble suggérer une mise en scène. Comme on peut l’embrasser d’un seul regard,
il semble avoir été créé aux dimensions humaines. On dirait presque qu’il a été peint. C’est
un tableau. Cette forêt miniature n’a-t-elle pas été conçue pour que les campeurs aient un
échantillon de forêt à leur portée ? Cette forêt de conifères évoque un paradis perdu à enclore.
Et pour donner à voir ce paradis j’imaginais : des fils de fer barbelés thermolaqués en rose,
dégagés de leur symbole guerrier et ne séparant plus les territoires, formant un dessin
folâtre.
Ces barbelés, comme des artefacts de ronces, rappellent une nature non-domestiquée, nourrit
nos fantasmes de retour à la vie sauvage où nous viendrions folâtrer au milieu des biches
et des fées… L’origine du nom de « La Ribardière » est dérivé du verbe riber qui signifie
folâtrer. La vie pourra-t-elle encore « folâtrer » dans une nature que l’on rétrécit chaque jour
davantage ? Devenus roses, féminins et charnels, les barbelés se dévident au milieu de la forêt
comme une grosse pelote de laine, douce au regard mais piquante au toucher…
Un statuette de décor de buffet représentant un chien, peinte en rose comme les barbelés, perd
sa domesticité et évoque alors un renard alors qu’elle est déplacée dans le bois.
Un performeur portant des cornes de cerf (trophée de chasse) fait une apparition dans le bois,
introduisant de façon fugace une nature sauvage de pacotille mais non moins mystérieuse…
Cette installation est une autre version de Entre là (voir l’installation pour la Nuit Blanche de
Metz 2012), une version en extérieur où les entrelacs de fils de fer barbelés roses se mêlent
intimement à la nature, aux branches des conifères jusqu’à apparaître comme des artefacts de
ces branches. A moins que ce ne soit les branches qui imitent les barbelés roses ?
Marie-Noëlle Deverre
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