Performance & Danse > Je ferai un crochet pour vous voir - Chapelle Saint Lyphard, 2003
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Je ferai un crochet pour vous voir
Performance variable, installation vivante


Je ferai un crochet pour vous voir est une installation vivante dans laquelle le spectateur est convié, enveloppé et saisi par l’environnement sonore, visuel et tactile.

La mise en scène, à la lisière du spectacle vivant et des arts plastiques, présente des situations reprises en boucle et dans lesquelles des événements infimes ont lieu. Cependant bien qu’il n’y ait ni événement spectaculaire ni scénario, une évolution minimale est perceptible dans la durée. Le dispositif scénique et le déroulement de la performance, proches du rituel et de la ritournelle, modifient insensiblement la perception du temps. Les actions répétitives et comme hypnotisant, créent un état contemplatif pour le public, oscillant entre un sentiment de bien-être (se sentir au « Bon Endroit » : eu- topos) et un sentiment d’inquiétante étrangeté (ou- topos : le « Nulle Part »)…

Les performeurs agissent isolément, chacun paraissant fomenter de mystérieuses opérations dans sa bulle, et cependant des connections se font parfois entre eux, comme accidentelles ou inopinées. Une chanteuse, une danseuse, un danseur et une comédienne improvisent à partir d’un cadre défini, sorte de réservoir de mots, de sons et de gestes dans lequel ils puisent, à l’écoute et au senti de ce qui se trame autour d’eux.

La Robe-Mère est une robe blanche en ouatine à la traîne démesurée (12 mètres) sur laquelle le public peut marcher (pieds nus, en chaussettes). Cette robe enrobant et débordante, est désignée « robe-mère » car elle est support et matrice de nouvelles transformations qui en donnent à chaque fois une perception nouvelle. La Robe-Mère (pour une mariée solitaire ?) dont la traîne monstrueuse empêcherait de se déplacer, est portée par un des performeurs. Cette robe démesurée évoque aussi Blanche-Neige des contes de Grimm, lorsque la mère de Blanche-neige projette sur la neige son désir comme sur un écran vierge : « …et tandis qu’elle cousait ainsi et regardait neiger, elle se piqua avec son aiguille et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. ».

Sur cette traîne, ou tapis de tissu, évolue, dans une enveloppe en crochet, un autre corps, de manière presque animale. Tandis qu’un autre encore respire sous la robe, ou apparaît dans une crinoline- perruque « Jim et Athéna » (crinoline dont l’espace est prévu pour 2 personnes et recouverte de mèches de cheveux synthétiques) installée sur un manège qui tourne indéfiniment.

Les performeurs sont les éléments de la composition d’un tableau; leurs places, dans la mise en scène, sont interchangeables. Ils ont le statut de corps-objets au service d’un ensemble organisé.

Le crochet, objet interactif : j’ai commencé une enveloppe de laine au crochet que j’ai proposé à plusieurs personnes de poursuivre pour qu’elle prenne le relais. Le bouche à oreille et le hasard ont déterminé la circulation du crochet entre les différents participants. Le crochet, en voyageant, a tissé des liens virtuels entre ces personnes, mais aussi entre elles et la danseuse dont la performance dépendait de cet objet, autour d’une danse rêvée, projetée, désirée : Je ferai un crochet pour vous voir !

De part et d’autre, on peut apercevoir des images à l’intérieur des « boules de neige » qui sont posées sur la robe : ce sont les témoignages photographiques de toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration du crochet. Le spectateur est invité à manipuler les boules de neige.

Le film Je ferai un crochet pour vous voir a été réalisé par le vidéaste Pierre-Alain Touge. Ce film est davantage une interprétation qu'une captation de la performance qui s'est déroulée pendant une semaine dans la Chapelle Saint Lyphard durant le festival A.R.T.E.C à la Ferté Bernard en 2003.