Installation > Chemin de traverse - Domaine du Gasseau, 2008

Chemin de traverse
Installation dans les bois

J’engage ici une espèce de corps à corps avec ce bout de forêt (au Domaine du Gasseau) que j’enveloppe de tissus de lingerie, dans un rapport presque amoureux avec les arbres. Je me fraye un chemin à travers les bois en étirant avec moi cette peau (énorme et pesant rouleau de tissu que je déroule entre les arbres). Je n’organise pas ma promenade mais au contraire je vais à tâtons, voulant me perdre pour mieux voir ce que je découvre au fur et à mesure de cette promenade lente et longue (je mets 15 jours à traverser ces 200 mètres de forêt ). Je suis le mouvement que me suggèrent quelques points sensibles : les arbres. Une fusion entre la nature et le corps humain peut se faire sentir alors dans cette proximité et ce temps à part.

Peu à peu se déploie un écran sensible à la lumière, au vent  révélant  les mouvements de la forêt…« …les arbres et les arbustes sont secoués par le vent pour la seule raison qu’ils sont persévérants. Dans la mesure où ils se relâchent, par moments, le secouement peut naître. S’ils n’étaient pas enracinés, on ne pourrait parler d’un murmure de leur feuillage, et par conséquent, plus question de rien entendre. Qui dit entendre, dit murmure, qui dit murmure, dit remuement et qui dit remuement dit cette concrétude qui est plantée quelque part et qui prend son essor à partir d’un point précis. Les beaux nuages, fuyants, grandioses, sont sans attaches, et ne produisent aucun secouement. » 1

1 Robert Walser, Le territoire du crayon

Matériaux : tissus de lingerie, fils, épingles à nourrice, dentelles, arbres.