Chemin de traverse
Installation dans les bois
J’engage ici une espèce de corps à corps avec ce bout de forêt (au Domaine du Gasseau) que j’enveloppe de tissus de lingerie, dans un rapport presque amoureux
avec les arbres. Je me fraye un chemin à travers les bois en étirant avec moi
cette peau (énorme et pesant rouleau de tissu que je déroule entre les arbres).
Je n’organise pas ma promenade mais au contraire je vais à tâtons, voulant me
perdre pour mieux voir ce que je découvre au fur et à mesure de cette promenade
lente et longue (je mets 15 jours à traverser ces 200 mètres de forêt ). Je
suis le mouvement que me suggèrent quelques points sensibles : les arbres. Une
fusion entre la nature et le corps humain peut se faire sentir alors dans cette
proximité et ce temps à part.
Peu à peu se déploie un écran sensible à la lumière, au vent
révélant les mouvements de la
forêt…« …les arbres et les arbustes sont secoués par le vent pour la seule
raison qu’ils sont persévérants. Dans la mesure où ils se relâchent, par
moments, le secouement peut naître. S’ils n’étaient pas enracinés, on ne
pourrait parler d’un murmure de leur feuillage, et par conséquent, plus question
de rien entendre. Qui dit entendre, dit murmure, qui dit murmure, dit remuement
et qui dit remuement dit cette concrétude qui est plantée quelque part et qui
prend son essor à partir d’un point précis. Les beaux nuages, fuyants,
grandioses, sont sans attaches, et ne produisent aucun secouement. » 1
1 Robert Walser, Le territoire du crayon
Matériaux : tissus de lingerie, fils, épingles à nourrice, dentelles, arbres.
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